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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
3 octobre 2012

Débat présidentiel, la pression est sur Obama, pas Romney

Mitt Romney, challenger et à la traine dans les sondages a tout à gagner à la confrontation de ce soir. Au contraire d’Obama. Toutefois les débats décident rarement d’une élection. 

presidential debates 1 

Ce soir, tous les regards américains se tourneront vers Denver. A 19h00, locales, (jeudi 3h00 du matin en France) commencera le premier des trois débats présidentiels de la campagne américaine. Il sera consacré à la politique intérieure.
Le modérateur en sera Jim Lehrer, de la chaine « publique », PBS. Ce journaliste, vaut à lui seul de se lever en pleine nuit pour suivre cette confrontation. Par son professionnalisme et son expression d’une précision et d’une concision exemplaires,  il est un modèle de journalisme que l’on devrait enseigner dans toutes les écoles…

presidential-debate-host-jim-lehrer-in-2008
Les médias américains présentent cette confrontation,  la première de trois prévues, comme la dernière chance pour Mitt Romney de renverser la situation et de revenir à la hauteur d’Obama. Le candidat républicain est à la traîne dans les sondages, tout particulièrement dans les « swing states », où se jouera l’élection,  et doit frapper fort pour préserver ses chances, disent-ils. Chris Christie le gouverneur républicain du New Jersey, a d’ailleurs annoncé la couleur dès dimanche en affirmant que le rapport de force « serait inversé » à l’issue de la soirée…
C’est peu probable ! Sauf incident majeur. Mais cela importe peu. En vérité, les débats présidentiels sont rarement  déterminants. Même s’ils sont devenus une étape incontournable de la campagne.
Ils sont minutieusement formatés pour éviter toute confrontation directe. Les réponses des candidats  sont calibrées et minutées, à la seconde près. Au fil des années les téléspectateurs s’en sont d’ailleurs détournés. Ils étaient  66 millions sur 180 millions  d’Américains en 1960 (soit plus du tiers de la population) pour le tout premier d’entre eux, entre John Kennedy et Richard Nixon. Mais seulement 52 millions sur une population de 300 millions en 2008 pour le premier face à face entre Barack Obama et John Mc Cain, soit un sixième de la population.
Ce 3 octobre 2012 ils seront entre 50 et 80 millions. Et, contrairement à ce que beaucoup écrivent, c’est Obama qui a le plus à perdre et Romney le plus à gagner.

presidential debates Kennedy Nixon 1960
Président sortant, Obama est déjà connu du grand public. En quatre ans, les Américains ont pu se faire une opinion de lui. Il a un bilan. Les électeurs qui voteront pour lui le 6 novembre ont déjà fait leur choix. Il n’a pas de poussée de popularité à attendre du face à face de ce soir. Au contraire, il doit craindre de commettre le faux pas qui pourrait lui faire perdre des voix… 
Mitt Romney, au contraire, reste largement inconnu. D’autant plus qu’il n’a pas derrière lui de carrière politique nationale qui en aurait fait une figure familière. Les électeurs ne le connaissent que par le portrait, très biaisé, qu’en font les média. Même s’il sillonne le pays depuis des mois ceux qui ont pu voir Mitt Romney de près, en direct,  sont une minorité motivée et engagée. L’immense majorité des Américains vit la campagne par télévision, radios et journaux  interposés. Ce débat est donc pour lui une véritable opportunité de convaincre des indécis.
Ce soir Romney va pouvoir se présenter par lui-même aux électeurs. Justifier son parcours. Détailler ses propositions, pour l’économie, pour l’emploi, pour réduire le déficit budgétaire, pour résoudre la question du coût du système de santé. Il avait commencé de le faire à la convention républicaine de Tampa, mais c’était devant les seuls républicains. Ce soir il pourra s’y atteler devant l’Amérique entière.

Mitt Romney & Paul Ryan

Il va aussi pouvoir confronter directement le président à son bilan. Qui n’est pas bon. Redéfinir l’élection comme un référendum sur la politique économique d’Obama et sur les choix de société qui l’accompagnent.  Car les divergences entre les visions que ces deux hommes ont de l‘Amérique et de son avenir, sont radicales. Or, bien que trois Américains sur cinq estiment actuellement que « le pays n’est pas engagé sur la bonne voie », ces visions n’ont pas été vraiment abordées pendant la campagne.  Juste caricaturées par des messages publicitaires démagogiques. Mitt Romney a promis d’utiliser le débat pour « définir un chemin à suivre ». S’il y parvient il aura gagné sa soirée. Car, traditionnellement, comme l’écrit John Podoretz dans le New York Post,  les électeurs encore indécis à ce stade de la campagne « attendent une raison de se rallier au challenger ».

presidential debates Carter -Reagan 1980
Cela dit, les électeurs se souviennent plus des débats pour leurs éclats, ou leurs bons mots,  que pour les idées exposées.   Comme le fameux « vous n’avez pas le monopole du cœur » de Giscard contre Mitterrand en 1974…
Aux Etats-Unis, au hit-parade des moments mémorables, trône le propos de Gerald Ford face à Jimmy Carter en 1976 affirmant « qu’il n’y a pas de mainmise soviétique sur l’Europe de l’Est ». Une phrase qui, à elle seule, lui fit perdre l’élection. Gérald Ford avait la réputation de ne pas vraiment maitriser son sujet, cette phrase-là en fut la preuve.
En 1988 Lloyd Bentsen, co-listier de Michael Dukakis adresse un « J’ai connu Jack Kennedy et je peux vous dire que vous n’êtes pas un Jack Kennedy » à l’inexpérimenté Dan Quayle, co-listier de George Bush, qui espérait faire de sa jeunesse un atout en se rapprochant du président martyr. Mal lui en prit. La flèche décochée par Bentsen le touchera au cœur et le marquera à jamais.

presidential debates Lloyd Bentsen - Dan Quayle 1988 

Pourquoi ? Parce qu’elle visait juste. C’est le secret des petites phrases et des gaffes. Elles ne sont pénalisantes que si elles soulignent  un défaut déjà identifié chez le candidat. Dans ce contexte Mitt Romney et Barack Obama auront surtout à se méfier d’eux même. Si le premier pèche par sa raideur, le second possède un capital confiance que son bilan ne justifie plus.




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