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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
26 décembre 2013

Amarillo, BlackSad prend la Route

blacksad amarillo

En novembre 2000 Juan Diaz Canales et Juanjo  Guarnido, deux Espagnols, l’un scénariste, l’autre dessinateur, avaient fait sensation avec un album intitulé Blacksad. Le héros, et tous les personnages de cette bande dessinée, étaient croqués sous la forme d’animaux, dont les traits illustraient la personnalité. Blacksad, détective discret, habile et honnête, habitué aux ruelles sombres, était un chat gris, avec un museau blanc. Le journaliste qui flairait les bons tuyaux, une fouine. Le représentant de l'ordre, un ours blanc massif, etc. Comme un rappel de l’animal qui sommeille  en chacun de nous.  Et un distant hommage à Walt Disney dont l’œuvre entière fut consacrée à humaniser les bêtes sauvages, pour mieux donner des leçons d’humanité aux hommes… 

blacksad personnages

Mais le monde de Blacksad n’avait rien de Disneyland. On était dans l’Amérique urbaine des années quarante-cinquante. Celle des « film noirs », et des jeux troubles entre gangsters, flics et détectives privés, où chacun conserve une part d’ombre et un côté sauvage.

blacksad décor

Certes la série était désespérément politiquement correcte. D’un côté les méchants blancs, racistes et fascistes, de l’autre les minorités opprimées, victimes de tout… Mais  l’originalité du trait aidait à faire oublier ces raccourcis idéologiques, attributs de la pensée unique, devenus inévitables dans un produit culturel destiné principalement aux adolescents et jeunes adultes…

Treize ans après, voici le tome 5 de la série, Intitulé «Amarillo » (jaune en espagnol). Nous sommes toujours en Amérique et toujours dans les années cinquante.  Mais cette fois le décor est celui de la « route 66 » ruban de bitume mythique qui serpentait à travers l’Amérique profonde, entre Chicago et  Los Angeles,  avant l’avènement des autoroutes. Les personnages sont des « beatniks » et des « bikers ». C’est-à-dire des marginaux associés à la « Beat generation », d’un côté,  et des « motards » en Harley Davidson, symboles d’une autre rébellion, de l’autre.

Blacksad Amarillo Planche

Au-delà du scénario, parfaitement construit, mais auquel il manque une touche de passion,  on s’amusera à déceler les clins d’œil au cinéma d’alors et aux personnalités de l’époque.  Les motards en blue-jean et blouson noir font penser à Marlon Brando dans l’Equipée Sauvage. Le cirque ambulant où se déroule la seconde partie de l’histoire semble inspiré de "Sous le plus grand chapiteau du monde", un film à grand spectacle de Cecil B. de Mille,

blacksad harley davidson

Brando The Wild One

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chad Lowell, le personnage principal rappelle Jack Kerouac, avec son roman écrit sur un rouleau de papier. Son acolyte, un bison brutal évoque un mélange de Neal Cassady, la « muse » des beatniks,  et Allen Ginsberg le poète de Howl.  Encore que ce dernier, avec ses lunettes épaisses et sa barbe brune de prophète fasse plutôt penser à un vieux hiboux libidineux. William S. Burroughs en flamand rose maniaque du révolver, est une vraie trouvaille… Quant aux deux personnages féminins de l’histoire, Donna et Eva, toutes les deux croquées avec des têtes de chatte, (signe qu’elles font partie des « bons »), elles ont un petit air de Nathalie Wood dans la fureur de vivre.
Nostalgie quand tu nous tiens…
 

Blacksad amarillo bike gang

Blacksad,  Amarillo, Tome 5, Juan Diaz Canales & Juanjo Guarnido,  éditions Dargaud, 56 pages, Quadrichromie; 13,99 €

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